La
Cité nationale de
l'histoire de l'immigration
Par Pauline
Deslandes et Hélène
Hullin
C’est au 293,
avenue Daumesnil dans le douzième arrondissement de Paris, que se
situe le Palais de la Porte Dorée, originellement construit en 1931
pour abriter le musée des colonies, qui fut par ailleurs vivement
controversé.
Le Palais de la
Porte Dorée a été réaménagé maintes fois, pour finalement
inaugurer en 2007 la Cité nationale de l'histoire de
l'immigration.
Le projet du Palais
de la Porte Dorée regroupe donc un musée, des jardins, une
rénovation des toits mais aussi un aquarium. Son but est d’expliquer
l’histoire de l’immigration en France depuis le XIXème siècle à
travers des objets issus de l'immigration. L’aménagement du musée
est découpé en plusieurs parties : l'exposition permanente et
la galerie des dons.
Cependant, avant de
commencer toute visite, l’attention du visiteur est attirée par
une œuvre qui trône dans l’entrée, de Barthélémy TOGUO artiste
formé aux Beaux-Arts et d'origine Camerounaise. A propos de son
œuvre, il explique qu'après la chute du mur de Berlin il a réalisé
la nécessité que les populations avaient de quitter à la fois la
misère mais aussi parfois les guerres civils et les dictatures.
C’est ainsi qu’il a eu l’idée de cette œuvre. Mais quelle
est-t-elle d’ailleurs, cette œuvre ? Il s’agit d’une
barque remplie, voire débordant, de sacs en Wax (tissus traditionnel
safricains). De petites théières en plastique pendent à cette
barque et tout autour, le sol est recouvert de bouteilles en verre.
Cette œuvre représente la fragilité des embarcations ainsi que les
conditions difficiles et l’entassement des migrants, près à
risquer leur vie pour quitter leur pays.
Cette
première œuvre nous a permis d'amorcer la suite de notre visite.
Nous avons ainsi continué notre visite en passant par l’exposition
permanente « Repères ». Cette exposition débute par une
salle dédiée à des dons d’immigrés. Chacun a donné un objet
qui lui tenait à cœur, qu’il a ramené de son pays d’origine ou
que sa famille lui a confié.
Nous avons notamment
pu voir la valise d'un immigré indien et on constate qu'il a emmené
dans son pays d'accueil à la fois des choses nécessaires à la vie
(un rasoir, un peigne,une cuillère…) mais également des objets
spirituels et traditionnels de sa culture (des représentations de
divinités, des livres de prière et des offrandes..).Ainsi, malgré
le peu qu’il pouvait prendre avec lui, cet homme a tenu à emmener
un morceau de son pays.
Tous les objets
présents dans cette galerie ont une histoire. Leurs propriétaires
ont fui leur pays pour diverses raisons : dans l’espoir de
trouver un travail, pour fuir une guerre civile… Mais ces migrants
ont tous un point commun : ils sont venus en France avec leurs
rêves, leur culture et traditions et surtout leur espoir de mener
une vie meilleure. Nous en avons ainsi conclu que le but du migrant,
en partant s’installer en France, n'est pas de se couper de son
pays d'origine mais de l'emmener avec lui grâce à des objets qui
lui rappellent d’où il vient. Ces dons sont temporaires, et l’on
comprend bien que se séparer définitivement des seuls objets qui
nous rappellent notre pays d'origine est impossible.
La
visite de l’exposition Repères se poursuit avec une question :
quelle est la place de l’étranger face à l’Etat ? Et c’est
ainsi que nous découvrons la représentation de l’étranger, basée
sur des préjugés.
La visite de
l’exposition Repères se poursuit avec une question : quelle est la
place de l’étranger face à l’Etat ? Et c’est ainsi que nous
découvrons la représentation de l’étranger, basée sur des
préjugés. Notre attention est attirée par le travail d’une jeune
femme venant du Moyen-Orient. Son travail évoque la recherche d'un
mari dans le but d'obtenir la nationalité. L'œuvre est constituée
de quatre panneaux disposés de manière chronologique. Ces panneaux
sont des annonces, pour trouver un mari. On remarque l'absence de
critères désirés et également le temps qu’il a fallu à cette
femme pour trouver un mari. Des petits morceaux de son visage et de
son regard sont montrés à chaque fois, peut-être dans le but de
cacher ses origines ou bien de ne pas être reconnue.
Nous découvrons
donc, que les immigrés ne sont pas aussi bien accueillis et intégrés
à la société qu’ils ne voudraient l’être. L’évolution de
la législation en France encadrant la présence des immigrés ainsi
que le regard porté sur eux sont le miroir de ses crises comme dans
sa prospérité.
La suite de notre
visite se focalise sur un portrait peu commun : celui de Marie
Curie. Pour que sa sœur puisse étudier à Paris, Marie Curie
travaillait en Pologne. Puis les deux sœurs ont échangé leur place
et c’est ainsi que Marie Curie est arrivée en France, pour étudier
la chimie et la physique. Marie Curie fut la première femme à qui
l’on décerna un Prix Nobel. En outre, elle fut la première femme
à être enterrée au Panthéon, par mérite. Marie Curie est donc
une immigrée polonaise de renom qui a marqué la France.
Nous avons poursuivi
la visite en abordant la question du lieu de vie des immigrés. Au
XXème siècle, où vivent les immigrés qui n’ont pas assez de
ressources pour se payer un logement ? La précarité, la
promiscuité et la logique urbaine sont responsables d’un nouveau
phénomène : les bidonvilles, faisant surface pendant les Trente
Glorieuses. L’ironie dramatique est que pendant cette période,
surgissent également de grands ensembles de logements modernes. Et
les immigrés les construisent mais n’y ont pas accès. Les
personnes résidant dans ces bidonvilles vivent dans une grande
pauvreté et dans une insalubrité constante. L’Etat décide de les
résorber dans les années 1970 mais aujourd’hui encore, bien
qu’ils soient très rares, il en existe encore.
Un
bidonville en cours de destruction
Notre visite se
poursuit avec la découverte d’un espace, ou plutôt d’un
plafond, dédié à des objets provenant d’autres pays, mais qui
pourtant, sont trouvables partout en France. En levant notre tête,
nous apercevons une multitude d’objets familiers : des
lampions chinois, des chapelets, de la porcelaine, des tapis
colorés, une chicha, un masque du nouvel an chinois, un tamtam…
Nous regardons avec curiosité et amusement ces objets, et dans nos
pensées commencent à poindre le sens de cette œuvre…
Le
clou de notre visite est une œuvre de Kader Attia, artiste français
d’origine algérienne. L’œuvre en question s’appelle La
Machine à rêve et si ce titre est intriguant, l’œuvre en
elle-même l’est beaucoup plus. Il s'agit d'une installation
composée d'un distributeur automatique et d'un mannequin portant un
sweat-shirt et d’un sac griffés «Hallal». Le personnage, une
jeune femme, est sur le point d’acheter l’un des articles
proposés par La machine à rêve : des friandises, des cartes de
crédit, du botox, des préservatifs, un kit de mariage… Le tout,
« Hallal ». Ces objets sont bien représentatifs de la
société de consommation. A travers ce personnage féminin,
visiblement d’origine étrangère, l’artiste a voulu représenter
le rêve d’intégration de nombreuses jeunes filles et par
conséquent la difficile équation entre le désir d’appartenance à
une société d’accueil et la préservation de valeurs
traditionnelles. De plus, l’utilisation du terme «Hallal »
signifie bien qu’il a perdu sa connotation de pureté, au détriment
de la société de consommation. Cette œuvre représente donc les
rêves de jeunes hommes et femmes qui consomment dans le but de
s’émanciper.
Et c’est ainsi que
notre visite s’est achevée. Ce musée nous a permis de réaliser
plusieurs choses. La plus importante étant que les immigrés ont
contribué à l’histoire de notre pays et que c’est ainsi leur
pays autant que c’est le nôtre. Par ailleurs, bon nombre d’entre
nous sont des enfants ou petits-enfants d’immigrés. Ces immigrés
ont tous ramené avec eux un morceau de leur pays, leur culture et
leurs traditions qui se sont implantées en France. Par conséquent,
la culture française est une culture imprégnée de celles des pays
des quatre coins du monde, ce qui la rend unique. C’est ainsi que
nous pouvons conclure que lorsque l’on parle de la population
française, il se s’agit pas des « personnes d’origine
françaises et celles d’origine étrangère » mais bel et
bien de « nous, tous ensemble ».