vendredi 5 décembre 2014

Compte rendu de visite : la Cité de l'immigration (Paris), mardi 25 novembre 2014, 1ère ES1

Compte-rendu de la visite de la Cité de l'immigration, par des élèves de 1ère ES1 :


La Cité nationale de 
l'histoire de l'immigration


Par Pauline Deslandes et Hélène Hullin
C’est au 293, avenue Daumesnil dans le douzième arrondissement de Paris, que se situe le Palais de la Porte Dorée, originellement construit en 1931 pour abriter le musée des colonies, qui fut par ailleurs vivement controversé.
Le Palais de la Porte Dorée a été réaménagé maintes fois, pour finalement inaugurer en 2007 la Cité nationale de l'histoire de l'immigration.
Le projet du Palais de la Porte Dorée regroupe donc un musée, des jardins, une rénovation des toits mais aussi un aquarium. Son but est d’expliquer l’histoire de l’immigration en France depuis le XIXème siècle à travers des objets issus de l'immigration. L’aménagement du musée est découpé en plusieurs parties : l'exposition permanente et la galerie des dons.
Cependant, avant de commencer toute visite, l’attention du visiteur est attirée par une œuvre qui trône dans l’entrée, de Barthélémy TOGUO artiste formé aux Beaux-Arts et d'origine Camerounaise. A propos de son œuvre, il explique qu'après la chute du mur de Berlin il a réalisé la nécessité que les populations avaient de quitter à la fois la misère mais aussi parfois les guerres civils et les dictatures. C’est ainsi qu’il a eu l’idée de cette œuvre. Mais quelle est-t-elle d’ailleurs, cette œuvre ? Il s’agit d’une barque remplie, voire débordant, de sacs en Wax (tissus traditionnel safricains). De petites théières en plastique pendent à cette barque et tout autour, le sol est recouvert de bouteilles en verre. Cette œuvre représente la fragilité des embarcations ainsi que les conditions difficiles et l’entassement des migrants, près à risquer leur vie pour quitter leur pays. 
Cette première œuvre nous a permis d'amorcer la suite de notre visite. Nous avons ainsi continué notre visite en passant par l’exposition permanente « Repères ». Cette exposition débute par une salle dédiée à des dons d’immigrés. Chacun a donné un objet qui lui tenait à cœur, qu’il a ramené de son pays d’origine ou que sa famille lui a confié.
Nous avons notamment pu voir la valise d'un immigré indien et on constate qu'il a emmené dans son pays d'accueil à la fois des choses nécessaires à la vie (un rasoir, un peigne,une cuillère…) mais également des objets spirituels et traditionnels de sa culture (des représentations de divinités, des livres de prière et des offrandes..).Ainsi, malgré le peu qu’il pouvait prendre avec lui, cet homme a tenu à emmener un morceau de son pays. 

Tous les objets présents dans cette galerie ont une histoire. Leurs propriétaires ont fui leur pays pour diverses raisons : dans l’espoir de trouver un travail, pour fuir une guerre civile… Mais ces migrants ont tous un point commun : ils sont venus en France avec leurs rêves, leur culture et traditions et surtout leur espoir de mener une vie meilleure. Nous en avons ainsi conclu que le but du migrant, en partant s’installer en France, n'est pas de se couper de son pays d'origine mais de l'emmener avec lui grâce à des objets qui lui rappellent d’où il vient. Ces dons sont temporaires, et l’on comprend bien que se séparer définitivement des seuls objets qui nous rappellent notre pays d'origine est impossible.
La visite de l’exposition Repères se poursuit avec une question : quelle est la place de l’étranger face à l’Etat ? Et c’est ainsi que nous découvrons la représentation de l’étranger, basée sur des préjugés.
 La visite de l’exposition Repères se poursuit avec une question : quelle est la place de l’étranger face à l’Etat ? Et c’est ainsi que nous découvrons la représentation de l’étranger, basée sur des préjugés. Notre attention est attirée par le travail d’une jeune femme venant du Moyen-Orient. Son travail évoque la recherche d'un mari dans le but d'obtenir la nationalité. L'œuvre est constituée de quatre panneaux disposés de manière chronologique. Ces panneaux sont des annonces, pour trouver un mari. On remarque l'absence de critères désirés et également le temps qu’il a fallu à cette femme pour trouver un mari. Des petits morceaux de son visage et de son regard sont montrés à chaque fois, peut-être dans le but de cacher ses origines ou bien de ne pas être reconnue.
Nous découvrons donc, que les immigrés ne sont pas aussi bien accueillis et intégrés à la société qu’ils ne voudraient l’être. L’évolution de la législation en France encadrant la présence des immigrés ainsi que le regard porté sur eux sont le miroir de ses crises comme dans sa prospérité.
La suite de notre visite se focalise sur un portrait peu commun : celui de Marie Curie. Pour que sa sœur puisse étudier à Paris, Marie Curie travaillait en Pologne. Puis les deux sœurs ont échangé leur place et c’est ainsi que Marie Curie est arrivée en France, pour étudier la chimie et la physique. Marie Curie fut la première femme à qui l’on décerna un Prix Nobel. En outre, elle fut la première femme à être enterrée au Panthéon, par mérite. Marie Curie est donc une immigrée polonaise de renom qui a marqué la France.

Nous avons poursuivi la visite en abordant la question du lieu de vie des immigrés. Au XXème siècle, où vivent les immigrés qui n’ont pas assez de ressources pour se payer un logement ? La précarité, la promiscuité et la logique urbaine sont responsables d’un nouveau phénomène : les bidonvilles, faisant surface pendant les Trente Glorieuses. L’ironie dramatique est que pendant cette période, surgissent également de grands ensembles de logements modernes. Et les immigrés les construisent mais n’y ont pas accès. Les personnes résidant dans ces bidonvilles vivent dans une grande pauvreté et dans une insalubrité constante. L’Etat décide de les résorber dans les années 1970 mais aujourd’hui encore, bien qu’ils soient très rares, il en existe encore.
Un bidonville en cours de destruction
Notre visite se poursuit avec la découverte d’un espace, ou plutôt d’un plafond, dédié à des objets provenant d’autres pays, mais qui pourtant, sont trouvables partout en France. En levant notre tête, nous apercevons une multitude d’objets familiers : des lampions chinois, des chapelets, de la porcelaine, des tapis colorés, une chicha, un masque du nouvel an chinois, un tamtam… Nous regardons avec curiosité et amusement ces objets, et dans nos pensées commencent à poindre le sens de cette œuvre…
 Le clou de notre visite est une œuvre de Kader Attia, artiste français d’origine algérienne. L’œuvre en question s’appelle La Machine à rêve et si ce titre est intriguant, l’œuvre en elle-même l’est beaucoup plus. Il s'agit d'une installation composée d'un distributeur automatique et d'un mannequin portant un sweat-shirt et d’un sac griffés «Hallal». Le personnage, une jeune femme, est sur le point d’acheter l’un des articles proposés par La machine à rêve : des friandises, des cartes de crédit, du botox, des préservatifs, un kit de mariage… Le tout, « Hallal ». Ces objets sont bien représentatifs de la société de consommation. A travers ce personnage féminin, visiblement d’origine étrangère, l’artiste a voulu représenter le rêve d’intégration de nombreuses jeunes filles et par conséquent la difficile équation entre le désir d’appartenance à une société d’accueil et la préservation de valeurs traditionnelles. De plus, l’utilisation du terme «Hallal » signifie bien qu’il a perdu sa connotation de pureté, au détriment de la société de consommation. Cette œuvre représente donc les rêves de jeunes hommes et femmes qui consomment dans le but de s’émanciper.

Et c’est ainsi que notre visite s’est achevée. Ce musée nous a permis de réaliser plusieurs choses. La plus importante étant que les immigrés ont contribué à l’histoire de notre pays et que c’est ainsi leur pays autant que c’est le nôtre. Par ailleurs, bon nombre d’entre nous sont des enfants ou petits-enfants d’immigrés. Ces immigrés ont tous ramené avec eux un morceau de leur pays, leur culture et leurs traditions qui se sont implantées en France. Par conséquent, la culture française est une culture imprégnée de celles des pays des quatre coins du monde, ce qui la rend unique. C’est ainsi que nous pouvons conclure que lorsque l’on parle de la population française, il se s’agit pas des « personnes d’origine françaises et celles d’origine étrangère » mais bel et bien de « nous, tous ensemble ».